Intervenants

18 novembre 2023

15:40 – 16:25

Amphithéâtre Faure

 

Cyril Lepot

Cyril Lepot est docteur de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Spécialiste du stop motion, sa recherche consiste principalement en une analyse de la spécificité du médium et de ses effets qui permettent notamment de développer le concept de plasmaticité et la possibilité de simulations analogiques. Il a publié différents articles en anglais et en français tels que « Understanding the empirical process of animating to open up the field of stop motion analog simulation », « Transfigurer la matière : du multiple en puissance au multiple en acte », « Le stop motion : singularité cinématographique et alternative aux simulations en image de synthèse », « Stop-motion : from plastic to plasmatic cinema », « Poétique du mouvement dans l’image-par-image », « stereoscopic 3D : when watching is animating », « De l’ordre à l’image au regard ordonné dans le cinéma en 3D stéréoscopique ».

Conférence : Parle-t-on d’énergie à propos du cinéma pour promouvoir un discours énergétiste ou vitaliste ?

On sait depuis les travaux de Sokal et Bricmont que le recours à un vocabulaire issu des sciences par les sciences humaines tend à dévoyer des notions pour constituer différentes formes de discours finalement pseudo-scientifiques. Dans une logique souvent vitaliste, certains écrits sur le cinéma, en particulier le film d’animation, invoquent l’énergie comme caractère artistique à finalité mécaniciste tout aussi bien que comme manifestation vitaliste d’un « esprit de la matière » révélateur d’un ordre caché, d’une architecture ou programme divins propres au vivant. On verra par ailleurs que le cinéma n’est pas forcément concerné par une logique d’intensité ou d’attraction mais que ce sont aussi des mécanismes de transformation et des effets de matière qui peuvent être en jeu, en particulier lorsque le film est concerné par des problèmes de plasticité et d’apparences sensibles. Ce retour théorique sur la matérialité relève en creux des principes relatifs aux échelles de temps et aux propriétés de la matière. Au final, ce n’est pas seulement l’extrapolation abusive des énoncés scientifiques qui peut faire l’objet d’une critique mais aussi la logique de puissance prométhéenne et la démiurgie artistique qui se lit en filigrane dans l’interprétation des œuvres issue de nombreuses théories du cinéma.