On cite souvent la découverte de la pénicilline par Sir Alexander Fleming. La sérendipité est aujourd’hui un concept à la mode. On lui attribue la découverte du principe d’Archimède, de la gravité par Newton, de l’aspirine par Edward Stone, de la radioactivité par Henri Becquerel, du Teflon par Roy Plunkett, du Velcro par Georges de Mestral. Quel est le rôle du hasard dans les découvertes ?
Prévoir le temps futur – de la semaine au siècle – constitue un défi scientifique tout autant qu’une demande sociétale. Mais quelles sont les limites que le hasard oppose aux chercheurs lorsqu’ils veulent répondre à cette demande ? Et comment comprendre ce paradoxe d’une science théorisant son incapacité à prévoir la météo à plus de deux semaines, mais affirmant pouvoir se projeter dans le climat de la fin du siècle ?
Il suffit de se connecter, rien de plus, et l’information est là, disponible en un “clic”. Nous la consommons, la produisons, la falsifions, volontairement ou non, nous en augmentons exponentiellement le volume sur la toile. Cette toile nous semblait fine et fluide à sa conception, mais nous en perdons petit à petit les contours, l’épaisseur et la réelle consistance. L’intelligence artificielle se saisit des data qu’elle manie avec une dextérité toujours plus experte soi-disant pour nous simplifier la vie. Mais qu’en est-il vraiment ? Sommes-nous adaptés à cette frénésie, à cette quête de réactivité absolue, à cette instantanéité des échanges ? Notre soif d’apprendre, de progresser, de gagner est-elle assouvie ou saturée ? Sommes-nous réduits à des signatures numériques, des combinaisons de données mises à la disposition d’utilisateurs autorisés ? Avons-nous besoin d’un chef numérique pour orchestrer notre quotidien et nos vies, pour gérer les ressources de notre planète, voire celles d’autres corps célestes ?
En 1654, Pierre de Fermat demande à Blaise Pascal de calculer la manière dont il est possible de partager équitablement les gains d’un jeu de hasard interrompu. En 1991, paraît Ambre, le jeu de rôle sans dés conçu par Erick Wujcik d’après la saga de Roger Zelazny. Entre les deux, tout un spectre de modélisations du hasard qui sont autant de représentations de ce dernier. Quelle part tient le hasard dans l’expérience de jeu ? En quoi fait-il système, aussi bien dans les jeux de dés que dans les jeux électroniques contemporains ? La popularité des jeux de hasard à travers les époques est-elle attribuable à une quelconque vertu cathartique ?
De la restauration d’horloges anciennes avec modélisation 3D pour retrouver la précision des pièces d’origine, au Temps légal français, la recherche de la précision du Temps a toujours été la préoccupation des horlogers et de ses utilisateurs. Si le temps est partout, d’où provient ce temps ? Considéré comme produit non essentiel durant la crise sanitaire, le commerce spécialisé de la montre témoigne pourtant de l’attachement de l’homme au temps. De l’internet des objets à la smart city, le recours aux nouvelles technologies ne saurait se contenter d’un temps « hasardeux » qu’il s’agisse des transactions bancaires, de l’éclairage urbain ou de la régulation du trafic aérien ou ferroviaire. Temps légal, temps sécurisé et traçable, ces exigences conduisent à proposer un projet ambitieux pour la France : la création de la Fondation du Temps.
L’élaboration d’un théorème mathématique ou la composition d’une œuvre musicale nécessitent-elles l’intervention du hasard ? A première vue, ce dernier ne semble avoir aucune place dans ces deux activités soumises à des règles bien précises qui requièrent une certaine rigueur. Ainsi, dans une démonstration mathématique, l’enchaînement des propositions ne semble pas pouvoir déroger aux règles de la logique, de même que dans un morceau de musique, l’enchaînement des notes ne semble pas pouvoir s’affranchir des règles de l’harmonie. On peut néanmoins penser que l’intuition du mathématicien ou l’inspiration du compositeur, par leur caractère imprévisible et subjectif, introduisent une part de hasard dans le processus de création. Mais l’intuition ou l’inspiration sont-elles véritablement les fruits du hasard ? Ne relèvent-t-elles pas plutôt d’une nécessité intérieure qui dépend entièrement de la vie du créateur ? Et que dire lorsque ces qualités sont attribuées non plus à un humain, mais à une machine ? Peut-on encore parler de création par exemple lorsqu’une intelligence artificielle réalise une œuvre d’art ? Six étudiants et étudiantes, venus de divers horizons scientifiques, littéraires et artistiques, tâcheront d’identifier le rôle du hasard – si tant est qu’il existe – dans le processus de création.
Pour poser un diagnostic ou prescrire un traitement le médecin se fonde sur une démarche probabiliste nourrie de données statistiques. La variabilité des êtres et la multiplicité des circonstances à l’origine des maladies font que la pratique médicale demeure un art et non une science exacte. Les technologies et l’évolution des concepts pourront-elles abolir la palette de gris dans laquelle le médecin exerce son art ?