Les intervenants

Vera Mihailovich-Dickman


Biographie

Vera Mihailovich-Dickman est Maître de Conférences, enseignante d’anglais et d’interculturalité à Télécom Paris, école d’ingénieur de l’Institut Mines-Télécom et de l’Institut Polytechnique de Paris. A l’Université Paris-Saclay, où elle coordonne l’Internationalisation et l’interculturalité, elle est membre associé du laboratoire de recherche SLAM (Synergies Langues Arts Musique). Titulaire d’un doctorat en Histoire et Sémiologie du Texte et de l’Image, elle se spécialise dans l’œuvre de l’artiste double Henri Michaux qu’elle découvre par hasard, à Tours, lors de ses études de Licence et qu’elle poursuit en Maîtrise. Elle enseigne le français en Afrique du Sud, où elle avait fréquenté William Kentridge et joué avec lui dans  » Ubu Rex  » inspiré d’Alfred Jarry lorsqu’ils étaient étudiants. Elle se trouve comme Kentridge à Jacques Lecoq en 1981, venue à Paris à la rencontre de Michaux. En 1999 elle organisera une rétrospective de l’œuvre picturale du poète à la Whitechapel Gallery de Londres. Elle est passionnée par le théâtre aléatoire, l’art contemporain, l’écriture et l’interculturalité.

Conférence :  Jusqu’où l’artiste peut-il faire confiance au hasard ? 

En quoi les trajectoires et démarches de deux créateurs protéiformes, Henri Michaux et William Kentridge, sont-elles dues au hasard ? Né à Johannesburg (Afrique du Sud) Kentridge cherche sa voie à Paris à l’âge de 25 ans par la pratique du mime et du théâtre à l’Ecole Jacques Lecoq, mais ne se trouve pas assez doué. Or, persuadé qu’une politique marxiste s’opposerait à l’absurdité douloureuse de la société inégalitaire de son pays, il trouve une résonance en Europe chez les Dadaistes où poésie, politique, performance et industrie se réunissent dans les rencontres du plus grand hasard. Michaux, lui, quitte la Belgique à 20 ans pour prendre le large en tant que matelot, mais à l’âge de 24 ans se retrouve poète publié à Paris. Or, il va préférer, au Prix National des Lettres en 1965, s’autoriser à suivre une ligne « d’aveugle investigation » et des « trajets pictographiés, (…) sans règles ». Aujourd’hui, Il est exposé par plus de 300 galeries dans le monde et, toujours, à Paris en 2020. Kentridge, tournant également le dos à la maîtrise, s’autorisera à effacer – sa technique de marque : le droit à l’erreur, au recyclage, à la récupération, à la ré-création – au risque. Il est considéré comme l’un des plus grands créateurs contemporains et à cet artiste, récompensé du prix Praemium Impérial japonais en 2019, le LAM consacre une rétrospective majeure en 2020.