Les intervenants

Giuseppe Longo


Biographie

Giuseppe Longo est directeur de recherche émérite CNRS au centre Cavaillès, ENS, Paris, et adjunct professor, School of Medicine, Tufts University, Boston. Il est ancien professeur de logique mathématique puis d’informatique à l’université de Pise. Il est coauteur d’une centaine d’articles et de trois livres : avec A. Asperti, Categories, Types and Structures. Category Theory for the working computer scientist. M.I.T. Press, 1991 ; avec F. Bailly, Mathematics and the Natural Sciences: The Physical Singularity of Life, Imperial College Press, 2011 (en français, Hermann, 2006) ; avec M. Montévil, Perspectives on Organisms: Biological Time, Symmetries and Singularities (Springer, 2014). Les deux derniers proposent une analyse à l’interface maths/physique/biologie. Avec A. Soto, Longo a édité (et co-écrit six articles de) un numéro spécial de 2016 de la revue Prog Biophys Mol Biol: From the century of the genome to the century of the organism: New theoretical approaches.

Conférence : Le hasard biologique n’est-il que du bruit ? 

La révolution scientifique du XVI et XVII ème siècle a été profondément mécaniciste. De Galilée à Laplace, donc jusqu’au début du XIX ème siècle, on a pensé le ‘‘complexe’’ comme ‘‘empilement linéaire du simple’’. Poincaré, à la fin du XIX ème siècle, cassera cette vision des dynamiques physiques. Malgré cela, la puissance de la vision renaissante de l’inerte et ses succès, en particulier dans la construction de machines, a biaisé notre rapport au vivant et à l’écosystème : jusqu’à la fin du XX ème siècle, on a continué à voir la cellule comme un « mécanisme cartésien », les interactions moléculaires comme une « algèbre booléenne » et, encore aujourd’hui, on pense piloter exactement les organismes en éditant leur ADN, tout comme le programme, système d’écriture et re-écriture à éditer, dirige nos machines digitales. On résumera certains aspects de ce regard sur le monde en esquissant son passage direct, et pour des bonnes raisons, par les théories de l’élaboration et de la transmission de l’information qui ont eu un rôle clé dans la compréhension contemporaine du vivant et où l’aléatoire n’est, en principe, que du bruit. Il s’agit alors de donner un nouveau rôle à l’aléatoire et au sujet connaissant/agissant sur les organismes et leur environnement.