Les intervenants

Daniel Nicholson


Biographie

Daniel J. Nicholson est professeur assistant à l’université George Mason (Virginie, états-Unis) et chercheur invité au « Centre for the Conceptual Foundations of Science » (Sydney, Australie). Auparavant, il a travaillé à l’Institut Konrad Lorenz (Vienne, Autriche), à l’Institut Cohn pour l’histoire et la philosophie des sciences et des idées (Tel Aviv, Israël) et au Centre pour l’étude des sciences de la vie (Exeter, Royaume-Uni). Son travail se caractérise par une approche intégrée et fortement interdisciplinaire de l’histoire et de la philosophie de la biologie. Ses recherches actuelles se concentrent sur l’ontologie des systèmes vivants, en particulier sur la manière dont les organismes diffèrent d’autres systèmes organisés complexes comme les machines, et sur les implications de ces différences pour la théorie biologique. Il s’intéresse également de longue date à l’histoire des réflexions théoriques et philosophiques sur la biologie.

Conférence : Le hasard va-t-il tuer l’Animal-Machine ? 

Le célèbre biologiste évolutionniste Richard Lewontin a souligné que « la biologie actuelle est la réalisation de la célèbre métaphore de l’organisme en tant qu’animal-machine élaborée par Descartes ». De fait, on peut décrire l’histoire de la biologie moderne comme l’histoire du succès de la conception de l’organisme en tant qu’animal-machine. Cependant, les failles de cette vision déterministe sont de plus en plus évidentes. Un défi important se dessine en biologie cellulaire, un domaine longtemps caractérisé par des références aux « circuits », aux « programmes », aux « moteurs », etc. Les biologistes cellulaires ont recours à des métaphores mécanistes pour conceptualiser les structures et les processus microscopiques qu’ils étudient, car les machines sont des objets macroscopiques familiers et intuitivement intelligibles de notre expérience quotidienne. Le problème est que nos intuitions mécanistes échouent souvent lorsque nous essayons de saisir la forme et la fonction des cellules, car celles-ci existent dans un monde qui nous est totalement étranger. Il s’agit d’un monde très étrange, où l’effet de la gravité est négligeable, mais où règne la dynamique aléatoire du mouvement brownien. L’importation des concepts de l’ingénierie en biologie cellulaire a peut-être été une bonne idée dans le passé, mais il est maintenant de plus en plus reconnu que ceux-ci sont plus susceptibles d’induire en erreur que d’éclairer, car ils projettent sur le monde microscopique désordonné et stochastique des cellules des caractéristiques qui ne sont physiquement possibles que dans le monde macroscopique ordonné que nous (et nos machines) habitons.