Les intervenants

Cécile Malaspina


Biographie

Cécile Malaspina est philosophe, directeur de programme au Collège International de Philosophie (CIPh), à Paris, et chercheur invitée au King’s College à Londres. Elle est rattachée au département Digital Humanities et au département de Français du King’s College où elle y présente le séminaire ‘An Aesthetics of Noise’ pour le CIPh. Elle a obtenu son doctorat en épistémologie, philosophie et histoire des sciences et des techniques, au sein du laboratoire Sphère (Université de Paris), à l’Université Paris 7 Denis Diderot. Son livre An Epistemology of Noise est paru chez Bloomsbury Academic en 2018. Elle est traductrice principale de Gilbert Simondon, Du mode d’existence des objets techniques, (On the Mode of Existence of Technical Objects), paru en 2017 chez Minnesota University Press / Univocal.

Conférence : La relation est-elle le résultat d’un hasard constitutif ? 

Gilbert Simondon, connu pour sa philosophie de la technique, s’est également intéressé à la métaphysique et notamment au problème de l’individuation. Or Simondon renverse non seulement la notion de l’individu, mais également la logique de la relation. Depuis Aristote, la relation avait été pensée comme accident. Elle est ce qui peut avoir lieu ou ne pas avoir lieu. C’est ici que l’intervention Simondonienne est décisive. La relation ne sera plus ce qui arrive de façon fortuite à un sujet autonome, elle devient constitutive du sujet. Plus précisément, elle catalyse un devenir co-évolutif de l’individu et de son milieu. Le sujet n’est alors plus un substrat autonome. Son émergence dépend, au contraire, d’une relation que Simondon nommera transindividuelle. Ces questions métaphysiques peuvent avoir une allure anachronique. Il n’en est rien. Ils sont, au contraire, appelées par la crise à laquelle se confronte la philosophie des techniques contemporaine. L’autonomie du sujet ne va plus de soi. Notre co-évolution progressive avec le monde naturel est en question. La relation qui nous lie, à travers l’intermédiaire technique au monde naturel, suscite davantage l’image de l’accident, sinon de la catastrophe. Peut-être est-il temps d’envisager la relation qui lie notre destin au monde naturel comme un hasard constitutif ? Une contingence nécessaire qui appelle à notre plus grande sollicitude ?