Les intervenants

Francis Rocard


Biographie

Francis Rocard est astrophysicien, spécialisé en planétologie. Il débute sa carrière comme planétologue au CNRS et a participé aux missions VEGA de survol de la comète de Halley en 1986 et PHOBOS-88 d’étude minéralogique de la surface de Mars. En 1989, il entre au Centre national d’études spatiales (CNES) où il est responsable des Programmes d’exploration du Système solaire. A ce titre, il a suivi la réalisation de toutes les missions d’exploration des planètes où la France est impliquée : Mars-96, Mars Express, Curiosity, InSight, ExoMars d’exploration de Mars, Cassini-Huygens d’étude du système de Saturne et de son satellite Titan en coopération avec l’Agence spatiale européenne et la NASA, Rosetta et Philae, mission d’étude d’une comète avec l’ESA, BepiColombo, mission européenne d’étude de Mercure avec le Japon, JUICE d’étude des lunes glacées de Jupiter et 1ère mission européenne vers le Système solaire externe, mais aussi JUNO, New Horizons, Hayabusa-2, Osiris-Rex, Dawn, etc.

Conférence : Comment gère-t-on le hasard quand on explore les planètes ? 

Le spatial et le hasard ne font pas bon ménage, c’est une évidence. « fly as you test and test as you fly » est plutôt la règle. L’imprévu doit être évité à tout prix. On se doit de tout prévoir même le pire. Cela concerne les cas dégradés suite à une panne qui oblige à fonctionner sur 3 pattes. Mais le hasard est souvent présent car explorer c’est partir à la découverte de l’inconnue qui par définition est … imprévue. Quand on se pose sur le sol d’un nouveau monde, on ne peut pas tout maitriser et le hasard fait partie du risque que les ingénieurs doivent traduire en robustesse. Quand il y a 20 ans, le JPL étudiait un atterrisseur sur une comète, il devait considérer que le sol pouvait être aussi dur que du béton ou aussi mou que de la neige poudreuse. Cela traduisait notre totale ignorance des comètes. Aujourd’hui avec Rosetta, on est capable de réduire considérablement le champ du possible pour la dureté du sol. Ce projet n’a jamais abouti car le risque lié au hasard était trop important. La notion de cas pire est très importante dans le spatial, elle fixe les limites du possible et permet aux ingénieurs de travailler. Divers exemples seront présentés ou le hasard a eu des conséquences heureuses ou malheureuses.