Les intervenants

Bertrand Laforge


Biographie

Bertrand Laforge est professeur des Universités à Sorbonne Université. Ses recherches portent majoritairement sur l’étude des propriétés fondamentales de la matière et de ses interactions. Il est membre du Laboratoire de Physique Nucléaire et des Hautes Energies (LPNHE Paris). Après avoir étudié la structure du proton dans l’expérience H1 installée auprès de l’accélérateur HERA à Hambourg pendant sa thèse, il a rejoint l’effort expérimental mené au CERN à Genève. Il a travaillé à l’analyse des données finales de LEP2 dans l’expérience DELPHI et s’est investi dès 1997 dans la construction du calorimètre électromagnétique de l’expérience ATLAS actuellement en fonctionnement sur le Large Hadron Collider du CERN. Il a participé à la découverte du boson de Higgs en 2012, époque où il coordonnait le groupe d’analyse correspondant au LPNHE. Il mène depuis des recherches visant à découvrir la nature microscopique de la matière noire qui semble nécessaire pour expliquer l’organisation de l’Univers à différentes échelles. Par ailleurs, il mène des activités pluridisciplinaires en biologie théorique et en éducation. Depuis 3 ans, il s’investit également dans le projet de plateforme de jeux éducatifs Ikigai qui permet aux établissements supérieurs de développer de manière collaborative des contenus vidéoludiques de qualité et de les diffuser à large échelle.

Conférence : Le hasard organise-t-il les systèmes complexes ? 

Le comportement de la nature aux plus petites échelles semble régi par des lois de probabilités faisant qu’on n’est jamais sûr de la réaction qui va se produire quand, par exemple, on fait entrer en collision deux particules élémentaires. Aux plus grandes échelles, la nature donne le sentiment de produire des phénomènes reproductibles à tel point qu’on a longtemps eu une vision déterministe du monde telle qu’elle s’exprimait dans la mécanique Newtonienne. La physique statistique donne une explication rationnelle à cet apparent paradoxe en invoquant des effets de moyennage des effets aléatoires au niveau microscopique qui produisent des états macroscopiques reproductibles. Elle permet notamment d’avoir une vision de la génération de l’ordre par le désordre. Cette vision marche très bien pour expliquer les propriétés des gaz parfaits ou les propriétés magnétiques au sein des matériaux mais peine à donner des outils complets pour aborder l’organisation de systèmes complexes comme les organismes vivants ou les sociétés dans lesquels des propriétés émergentes sont observées mais ne peuvent pas être expliquées par une vision auto-organisatrice du système. Dans cet exposé, j’aborderai la question du rôle que jouent sur son organisation les contraintes qui s’appliquent à un système complexe possédant une dynamique probabiliste aux petites échelles.