Les intervenants

Jérôme Rosanvallon


Biographie

Jérôme Rosanvallon est Directeur de programme au Collège International de philosophie et professeur de philosophie dans l’académie de Créteil. Il co-organise les Grandes conférences du CIPh et co-dirige la rubrique Epistémè de la revue Rue Descartes. Il travaille notamment à l’intersection de la philosophie des sciences (principalement de la physique et de la biologie) et de la philosophie de Deleuze et Guattari sur lesquels il a publié de nombreux articles ainsi qu’un ouvrage d’introduction en deux volumes intitulée Deleuze & Guattari à vitesse infinie (Ollendorff & desseins, 2009 et 2016). Jérôme a co-dirigé le dernier numéro (99) de la revue « Rue Descartes » consacrée à « La métaphysique de Deleuze & Guattari : déjà par-delà nature et culture », disponible fin juin sur Cairn.

Conférence : Le hasard est-il fondamental ? 

Le hasard est généralement envisagé selon une triple négation le définissant de façon chaque fois différente. Il serait le revers positif soit de l’absence de finalité, soit d’un manque de déterminisme, soit d’un défaut de connaissance (hasard dit « subjectif »). Dans le premier cas, il s’opposerait en somme à Dieu, dans le deuxième cas à une nécessité intrinsèque, dans le troisième à une réalité infiniment connaissable. Chacune de ces oppositions décline cependant la même alternative sous-jacente : le hasard n’est-il qu’un effet dérivé d’une réalité causalement ou finalement déterminée ou en constitue-t-il lui-même un aspect fondamental ? Devront être uniquement expliqués dans un cas les effets aléatoires du déterminisme, dans l’autre au contraire, les effets déterminés de l’aléatoire. Cette alternative est-elle elle-même indéterminée ? En partant d’une variation pouvant être qualifiée d’aléatoire selon le triple point de vue indiqué, la sélection naturelle darwinienne théorise ces effets déterminés du hasard et montre qu’une science du vivant n’est possible qu’en empruntant la deuxième voie de l’alternative. Reste alors à savoir si le vivant n’est lui-même qu’un effet aléatoire d’une réalité physico-chimique déterminée ou si au contraire la structure de la théorie permettant de le penser peut et doit être généralisée à l’ensemble de la réalité.