Le compte à rebours démarre très tôt. Au début des sélections pour devenir astronaute, plus tôt même, dès lors que l’idée d’un possible voyage hors de l’atmosphère traverse l’esprit du candidat. Tout s’enchaîne alors, étape par étape, succès après succès, jusqu’à l’ultime consécration où le prétendant fait partie de l’équipe, celle qui rassemble des êtres humains hors du commun, prêts à suivre l’entraînement pour une mission spatiale. De nombreux mois de préparation intensive, au programme minutieusement concocté, séparent encore le futur héros du départ. Il doit chaque jour tenir la cadence et même progresser. A sa mise en quarantaine, plus que quelques heures le séparent du décollage. Sur la rampe de lancement, recroquevillé dans son siège, il sera propulsé dans l’espace dans le délai imposé par la procédure de mise à feu. En moins de neuf minutes, il se déplacera à la vitesse orbitale de 28 000 km/h et effectuera 16 fois le tour du monde chaque jour qui passe. Sa véritable mission vient juste de démarrer. Qu’il s’agisse de veiller au bon fonctionnement des instruments, de les réparer, de mener à bien des expériences scientifiques, de communiquer avec le sol, d’échanger avec ses coéquipiers, de se déplacer, de faire du sport, de dormir, de se nourrir, l’homme dans l’espace évolue à un certain rythme, le sien et celui qui lui est imposé. Même s’il est très occupé, son retour sur Terre, près de ceux qu’il aime peut parfois lui sembler lointain. A chacune de ces étapes, auxquelles l’on pourrait ajouter une sortie extravéhiculaire ou le trajet du retour, l’astronaute peut-il défier le temps ?
Comment se fait-il, en effet, contre toute règle marketing que des marques centenaires se portent comme un charme et que de jeunes marques qu’on croyait promises à un bel avenir meurent avant 20 ans ? Autour de Georges Lewi, spécialiste reconnu des « marques mythiques », nous allons tenter de comprendre avec une dizaine de marques les raisons de leur longévité, ou mieux, pour certaines, de leur rebond spectaculaire. Le cycle de vie des marques est-il si différent de celui du produit qui peut se schématiser en naissance, développement et mort définitive ? Quelle est l’unité de temps pour juger de la jeunesse ou de l’actualité d’une marque : le buzz, l’année, la génération, la mémoire humaine ? Comment expliquer la renaissance d’une marque qui ne vendait plus rien ? Comment certains ont-ils réussi cet exploit ? Est-ce vraiment un exploit ? Quel profil de manager est capable de cette prouesse ? Pourquoi d’autres, avec apparemment les mêmes atouts, échouent-ils ? Le cycle de vie d’une marque fait-il partie de ces « trous noirs » en partie toujours inexpliqués ?
Il suffit de se connecter, rien de plus, et l’information est là, disponible en un “clic”. Nous la consommons, la produisons, la falsifions, volontairement ou non, nous en augmentons exponentiellement le volume sur la toile. Cette toile nous semblait fine et fluide à sa conception, mais nous en perdons petit à petit les contours, l’épaisseur et la réelle consistance. L’intelligence artificielle se saisit des data qu’elle manie avec une dextérité toujours plus experte soi-disant pour nous simplifier la vie. Mais qu’en est-il vraiment ? Sommes-nous adaptés à cette frénésie, à cette quête de réactivité absolue, à cette instantanéité des échanges ? Notre soif d’apprendre, de progresser, de gagner est-elle assouvie ou saturée ? Sommes-nous réduits à des signatures numériques, des combinaisons de données mises à la disposition d’utilisateurs autorisés ? Avons-nous besoin d’un chef numérique pour orchestrer notre quotidien et nos vies, pour gérer les ressources de notre planète, voire celles d’autres corps célestes ?
Les horlogers depuis toujours, façonnent les mécanismes les plus novateurs pour offrir la précision autour du cadran… mais que mesurent-ils exactement ? Hier objets scientifiques, indispensables aux navigateurs, les chronomètres ont aujourd’hui, semble-t-il une toute autre vocation. La montre est devenue, plus que jamais, le symbole d’un art de vivre, représentation de savoir-faire délicats, d’un statut social, d’un accès à une certaine mesure du temps… du privilège de choisir son temps. Posséder une montre qui a demandé plusieurs mois de travail à l’établi donne un peu l’illusion à son propriétaire, d’acquérir la sève du temps, celle de l’horloger qui a offert le sien à façonner les rouages et les décors de la pièce d’exception. Certains horlogers ont désormais d’autres messages que celui de la mesure, ils arrêtent le temps et le réactive à la demande ou encore annoncent pouvoir le ralentir… Les montres ne sont-elle pas devenues messagères d’une autre mesure, révélant les enjeux de nos sociétés, ne se jouent-elles pas du temps ? Rencontre avec des horlogers traditionnels et spécialistes des sciences horlogères.
Les athlètes cherchent le dépassement – à se dépasser et à dépasser les autres. La plupart d’entre eux cherchent aussi à ne pas se faire rattraper, y compris par le chronomètre. Il s’agit de s’entraîner jusqu’à la plus parfaite maîtrise de son corps pour exceller dans sa spécialité. Tels des chefs d’orchestre, les sportifs de haut niveau sont des coordonnateurs. Ils accordent leur respiration au rythme de leurs mouvements, précisent leurs gestes pour gagner en efficacité, gèrent subtilement leur énergie pour tenir la distance. Ils habituent progressivement leur métabolisme à l’intensité de l’effort, parfois jusqu’à la souffrance. Ils apprennent à se concentrer en toutes circonstances et quel que soit l’enjeu, à donner le meilleur d’eux-mêmes le moment venu, seuls ou en équipe. Chaque performance sportive est une création. Exceptionnellement, elle est un record. Mais dans notre course éternelle contre la montre, pouvons-nous vraiment vaincre le temps ?
Notre vie quotidienne semble s’articuler autour d’omniprésentes accélérations. Transports automatisés, correcteurs automatiques, moteurs de recherches, notifications… Nous sommes habitués à connaître le résultat d’une élection cruciale en temps réel ou à nous connecter pour ne pas manquer en direct le prochain but d’un match à suspense. L’accès à l’information est si rapide que la distance qui nous éloigne des événements au présent paraît s’estomper, et que la durée qui nous sépare des événements dans un futur proche semble se contracter. Le numérique se propose même d’accélérer notre vie privée en organisant des rencontres sentimentales en un clic ! Mais le fait d’aller plus vite nous fait-il réellement gagner du temps ? Voilà la question que six étudiants prendront le temps de discuter lors de cette table ronde. Leur objectif sera de mettre en évidence le rapport qu’entretiennent les millenials avec notre société actuelle et le rythme qu’elle s’impose.
L’urgence sociale décrit une méthode de « l’aller vers » celles et ceux parmi les plus exclus, vivant en rue, qui ne demandent plus rien et qui sont dans l’incapacité d’aller vers les services d’aide. De l’urgence de la réponse aux besoins immédiats de ces personnes au temps long nécessaire à la mise en place d’un accompagnement individuel pour envisager des solutions de sorties de rue, de quel temps disposons-nous ? Les acteurs des Samusociaux nationaux et du Samusocial International doivent intervenir dans une temporalité adaptée à chaque individu, qui se heurte à des temporalités plus systémiques liées aux exigences de résultats, d’insertion, d’adéquation à des cadres normatifs et des politiques publiques éloignées des spécificités des personnes, enfants ou adultes, en situations d’exclusion. Comment aborder, alors, ces temps de l’urgence sociale ?