Les intervenants

Yannick Lebtahi


Biographie

Yannick Lebtahi est sémiologue, analyste des médias, mais aussi réalisatrice de documentaires. Ses travaux portent principalement sur le cinéma et la télévision ainsi que sur l’image et ses enjeux contemporains. Maître de conférences, habilitée à diriger des recherches en sciences de l’information et de la communication à l’université de Lille, elle est membre du laboratoire Groupe d’études et de recherches interdisciplinaires en information et communication de Lille (GERIICO) et membre associé du Centre d’étude sur les images et les sons médiatiques Paris3 (CEISME). Elle est directrice scientifique et éditoriale de la revue Cahiers interdisciplinaires de la recherche en communication audiovisuelle (CIRCAV) et directrice de la collection DeVisu aux éditions L’Harmattan.

Conférence : Une apocalypse est-elle possible ?

L’imaginaire puissant du passage de l’an 2000 – symbolisant le chaos – a donné lieu à une production cinématographique innovante : dix films réalisés par dix jeunes cinéastes de dix pays différents avec comme contrainte commune d’inclure dans leur synopsis la nuit, tant redoutée et fantasmée pour son big bug planétaire, du 31 décembre 1999. Pour la France, à la manière des surréalistes, le cinéaste Laurent Cantet tisse dans son film Les Sanguinaires des représentations métaphoriques du temps mis en abyme. Le jeu sur la notion d’écran met en regard le temps « objectivé » de cette célébration refusée par François, le personnage principal, et le temps éprouvé par celui-ci face à sa quête existentielle et à son insaisissable spleen. Devant le miroir de ses peurs et de ses doutes, le spectateur se projette dans une hypothétique fin du monde programmée tout en assistant au naufrage des certitudes de François ainsi qu’à l’imagination de l’effacement total de l’individualité comme résultante d’une possible apocalypse. En forme d’ouverture, le film se clôt sur une ambiguïté à propos du devenir du personnage central et renvoie le spectateur à sa condition ce qui l’amène à s’interroger sur le sens de son existence, dans son rapport à la mort.