Les intervenants

Jean Viard


Biographie

Jean Viard est sociologue, directeur de recherches associé au CNRS, au Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF). Titulaire d’un diplôme d’études supérieures en économie (Aix-en-Provence) et d’un doctorat en sociologie de l’École des hautes études en sciences sociales, ses domaines de spécialisation sont les temps sociaux (vacances, 35 heures), mais aussi l’espace (aménagement, questions agricoles) et la politique. Conférencier, il intervient régulièrement dans la presse et a également des activités de conseil aux entreprises et aux collectivités territoriales. Après avoir été chroniqueur au Journal du dimanche, au magazine Polka et l’un des descripteurs 2012 du Nouvel Obs-le plus, il intervient régulièrement dans l’émission 28 minutes sur Arte et dans le journal Le un. Auteur de nombreux ouvrages, il a récemment publié Quand la Méditerranée nous submerge, l’Aube, 2017 et Chronique française. De Mitterrand à Macron, l’Aube, 2018. Son dernier ouvrage Une société si vivante vient de paraître également aux éditions de l’Aube.

Conférence : Le temps est-il un fait de société ?

Nous sommes entrés dans une société d’hyper consommation du temps : l’offre de choses à faire augmente plus vite que celle du temps disponible qui est pourtant, elle aussi, déjà en augmentation rapide. On peut allumer trente-six télés, lire quantité de livres, prendre l’avion pour voyager partout, la pression d’Internet est constante…. Mais la réalité est qu’on n’a jamais eu autant de temps, et de très loin. Si je donne le temps en masse, l’espérance de vie moyenne en Europe est aujourd’hui de 700 000 heures, contre 500 000 heures avant 1914, et 300 000 heures estimées à l’époque du Christ. On a gagné plus de dix ans d’espérance de vie depuis 1945, on en avait déjà gagné dix depuis le début du XXème siècle. Nous, on vit donc 700 000 h, on dort un peu plus de 200 000 h, on travaille environ 70 000 h, et on fait environ 30 000 heures d’études. Résultat : après le sommeil, les études et le travail, il reste 400 000 h pour faire autre chose. Là est la base de notre monde, une civilisation du temps long et du travail court. La société numérique relie les individus autonomisés et les reprend dans ses rets en les bombardant de messages, en recréant un sentiment d’urgence. On se croit sommés de répondre. C’est là qu’il faut savoir reprendre le pouvoir.