Les intervenants

Eric Nataf


Biographie

Installé à Paris dans un cabinet d’exercice libéral, Eric Nataf est médecin radiologue, spécialiste en imagerie de la fertilité et en imagerie ostéo-articulaire. Au travers de la prise en charge des sportifs, il est amené à s’intéresser à l’évolution du muscle humain au cours de la vie. Il a été chroniqueur régulier pour plusieurs magazines et a pris part à la rédaction du Mémo Larousse, ainsi qu’à celle du dictionnaire encyclopédique Larousse médical. Son premier roman, Autobiographie d’un virus (2004) obtient le Prix de l’université d’Artois. En 2018, il publie Le fils caché de la Lune. Eric est également passionné de photographie, à l’affût des détails de notre quotidien et des traces de notre civilisation.

Conférence : Le muscle est-il l’avenir de l’Homme ?

Le muscle est un tissu hybride. À la fois élément capital de notre système locomoteur, il est en permanence connecté à notre système nerveux, dont il est le « bras armé ». Nos muscles nous font tenir debout, s’opposant à la gravité, et nous propulsent. Ils sont également connectés au squelette, qui peut être considéré du point de vue de l’évolution comme un ancien tissu musculaire ossifié. Reflets de la santé de notre ADN dont ils sont le miroir inversé, les muscles constituent aussi l’essentiel de notre réserve protéique. Or avec le temps, notre système musculaire vieillit lui aussi : à 70 ans nous avons perdu 50% de notre capital musculaire. Cette perte de masse musculaire, lorsqu’elle dépasse un certain seuil, est nommée « sarcopénie ». Chutes, dépendance, coûts sociétaux…, les conséquences de la sarcopénie sont multiples. Encore plus fort ! Les muscles sont directement connectés aux neurones moteurs du système nerveux central. La sarcopénie s’accompagne de leur dégénérescence, et donc du déclin des fonctions cognitives. Entretenir ses muscles, c’est tonifier son cerveau. L’entretien du système musculo-squelettique est aussi l’un des premiers soucis de sapiens dès lors qu’il habite de manière prolongée dans l’espace. Nous avons tous en tête ces vidéos de spationautes courant sur des tapis de courses des heures durant pour maintenir à flot leur masse musculaire et éviter que leur squelette ne se réduise en poudre à leur retour sur terre. Cela n’a jamais été tenté, mais il est probable qu’un humain élevé dans l’espace, où la gravité diffère, serait très différent de nous. Un corps caoutchouteux, une tête énorme par non fermeture des fontanelles, des muscles réduits à l’état d’ébauche… S’il se fait rare sur la lune ou à bord de la station spatiale internationale, sur terre, en revanche, le muscle pourrait bien être l’avenir de l’Homme.