Intervenants

 

3 décembre 2025

14:20 – 15:05
Amphi Grand Kursaal

Sebastian Dieguez

Sebastian Dieguez est chercheur en neurosciences et en psychologie cognitive à l’Université de Fribourg, en Suisse. Son travail porte sur la formation des croyances, avec un accent particulier sur le complotisme contemporain. Il s’intéresse aussi aux liens entre psychologie et littérature, à la propagation des pseudo-sciences, et à la nature de la conscience de soi. A côté de ses activités académiques, il écrit régulièrement dans le magazine Cerveau & Psycho et le journal satirique Vigousse. Son dernier livre est Total Bullshit ! Au cœur de la post-vérité (PUF, 2018).

 

L’imagination sans limites ?

Notre univers intérieur semble ouvert à tous les possibles : nous pouvons imaginer toutes sortes de choses qui ne se produiront jamais dans la réalité, concocter des scénarios alternatifs à volonté, rêver d’un autre monde (où la vie serait féconde). N’y a-t-il aucune limite à notre imagination ? Oui, et le seul fait de poser cette question le prouve ! Nous peinons en effet à imaginer ce que serait une imagination sans limite : nous butons alors sur notre incapacité à accéder à nos propres états mentaux et à nous représenter leur étendue complète. Mais outre notre imagination elle-même et le concept d’infini, il y a bien d’autres choses que nous avons du mal à imaginer, comme le néant, l’immoralité, la folie, la perfection, les triangles ronds ou la morue aux fraises. Par ailleurs, les excès d’imagination nous sont généralement pénibles ou déconseillés, comme le montrent les cas de rumination pathologique, de rêverie compulsive, de confabulation ou d’états maniaques. L’imagination semble donc bornée de toute part, et c’est ce qui la rend à la fois si mystérieuse et si passionnante.